| L'ANTENNE DE TROP ? La forte mobilisation que l'on constate depuis une quinzaine de jours contre l'antenne relais de Canaguet, sur la commune d'Onet-le-Château, montre en tout cas que les riverains sont de plus en plus méfiants envers ce type d'équipement. |
Le récent grenelle des ondes et le principe de précaution qu'il a préconisé est sans doute passé par là. Les mobilisations locales, à Rodez comme à Villefranche-de-Rouergue ou à Saint-Affrique et les succès qu'elles ont obtenus ont également dû contribuer à persuader le riverain lambda qu'une antenne relais à côté de chez soi, ce n'est pas forcément bon pour la santé et, qu'en outre, une résistance bien organisée peut faire plier un opérateur, aussi puissant soit-il.
Le cas de l'antenne de Canaguet apparaît en tout cas comme un cas d'école dans ce qui peut provoquer une opposition résolue à ce type d'installations. Atteindre les 300 signatures Celle-ci, située justement à proximité d'une école et d'un collège, a surgi sans que la population n'en ait jamais été avisée (lire notre édition du 23 octobre). Aussi le collectif immédiatement constitué n'a eu aucun mal à recueillir des centaines de signatures, en particulier auprès des parents d'élèves de ces deux établissements. Tant et si bien que 15 jours après son lancement, et malgré les vacances de la Toussaint qui sont venues freiner l'élan, on en était lundi à 250 signatures recueillies auprès d'autant de familles et les organisateurs de cette pétition espéraient bien atteindre les 300 signatures dès la fin de cette semaine. Soit l'équivalent de plusieurs centaines d'habitants et presque autant d'électeurs, donc. De quoi peser au moment de solliciter le maire pour voir comment forcer l'opérateur à enlever la fameuse antenne. « Le maire nous a déjà assurés de son appui au téléphone », note Claude May, l'un des responsables du collectif. Mais celui-ci souhaite bien évidemment que le maire s'engage plus en avant, et, si ce n'était pas le cas, le collectif ne cache pas alors ses intentions : « S'il faut aller plus loin, de façon plus virulente et bruyante, nous n'hésiterons pas », avertit Claude May.
Un autre responsable du collectif, Gérald Brutinel, précise ce que les opposants de l'antenne attendent de leur élu : « On va donner à notre maire toutes les billes dont il a besoin pour qu'il fasse comme celui de Villefranche-de-Rouergue. » Une victoire à la Pyrrhus ? Le CLCV (Confédération pour le logement et le cadre de vie), en pointe sur le plan national en matière de nuisance électromagnétique et qui dispose d'une délégation très active sur le Ruthénois, suit ce dossier de près. Le collectif regarde aussi comment se rapprocher de l'association castonétoise « Onet encore en vie » qui s'était justement créée pour s'opposer à l'installation d'une autre antenne relais sur cette même commune, à Saint-Mayme. Si cette association a elle aussi obtenu gain de cause, certains de ceux qui ont participé à cette bataille se demandent désormais s'ils n'ont pas en fait obtenu une victoire à la Pyrrhus : « On a été grugés ! », s'exclame par exemple Jean Barrié, ancien élu Vert à la mairie d'Onet. « L'antenne de Saint-Mayme devait être démontée d'ici la fin de cette année, et, à sa place, on voit surgir trois autres antennes, dont celle de Canaguet, mais aussi une à l'Estreniol à Sébazac ainsi qu'une troisième sur le site Drimmer ! » s'emporte Jean Barrié. Et celui-ci de préciser : « On n'est pas contre les téléphones portables, mais contre les puissances incompatibles avec la santé publique. Or en France, les puissances autorisées, jusqu'à 60 volts mètres, s'avèrent 100 fois supérieures aux normes admises par nombre d'experts indépendants au regard de la santé publique. » Un rapport attendu C'est effectivement sur le terrain de la puissance légale que la plupart des opposants aux antennes relais entendent mener la bataille. « La France est l'un des pays au monde où la puissance autorisée est la plus forte, plus qu'en Russie ou en Chine par exemple », souligne ainsi Jean-Loup Canal, de la CLCV. « On demande un maximum de 2 volts mètres par antenne au lieu des 60 autorisés actuellement. Bien sûr, les opérateurs disent qu'ils n'atteignent jamais ces valeurs maximums, alors on répond qu'autant changer la loi... »Les élus Verts sont sur la même longueur d'onde et, profitant des changements de majorité survenus lors des dernières municipales, profitent du fait d'être aux affaires pour s'efforcer d'avancer leurs pions.
Ainsi, à Rodez et à Olemps, les municipalités ont décidé de commander un rapport auprès d'un expert indépendant du Crirem (Centre de recherche et d'information indépendant sur les rayonnements électromagnétiques non ionisants). Lequel doit rendre sa copie en décembre prochain. Il apparaîtrait selon les premiers relevés que la quinzaine d'antennes relais installées sur Rodez ville, et la trentaine qui au total sont implantées sur l'agglomération produiraient « une soupe électromagnétique » peu ragoûtante pour la santé humaine...
source: midilibre Ecrire un commentaire
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